“La relation de contre avec le défenseur” fait beaucoup parler.
De quoi s’agit-il ? Le contre est une tactique défensive de répartition de tâches entre le gardien et un défenseur. Si le défenseur saute de façon à couvrir le coin court et à forcer le tireur à atteindre le coin long, alors le gardien de but se place au coin long pour intervenir plus facilement (et inversement coin court/coin long). La vidéo ci-dessous illustre ce principe de contre défensif.
Les débats sont nombreux à ce sujet. Est-ce qu’on peut demander à des jeunes de faire ça ? qu’est-ce qu’on demande ? à qui ? et pourquoi ? à quel âge sont-ils capables de le faire ?
Pour ma part, il y a peu je me disais “plus on le travaille tôt, plus ils l’assimileront vite”. C’est un peu facile de raisonner comme cela donc j’ai creusé ma réflexion et les conclusions que j’en tire sont les suivantes :
- Pour que l’arrêt soit effectué, il faut que le défenseur ET le gardien de but reconnaissent tous les deux une situation typique. Or, plus ils sont jeunes, et plus leurs préoccupations sont relatives à la gestion de l’instant présent. Autrement dit, le défenseur cherche à empêcher le tireur d’arriver aux 6m ou bien de marquer ; il ne pense pas à laisser le tireur tirer, encore moins de le laisser tirer à un endroit que lui-même décide et induit par un comportement moteur décidé. Le gardien de but, lui, est focalisé sur le tireur, et attend que le tir soit déclenché pour agir sur la trajectoire. Il n’est pas (ou peu) capable de simuler mentalement les possibilités d’actions qu’a le tireur au regard de ce que le défenseur propose comme acte défensif.
- La précision du travail du défenseur conditionne le résultat de l’action finale. On peut demander au défenseur de forcer l’adversaire à tirer coin long (donc de couvrir le coin court) et au gardien de but de se placer en conséquence au coin long. Le gardien de but peut respecter sa part du contrat, mais qu’est-ce qui garantit qu’il fera l’arrêt ? Le résultat final dépendra de la précision du défenseur, tant dans son positionnement par rapport au tireur (distance de combat et orientation des appuis) que dans son timing de contre (moment de l’impulsion) et son placement des bras. Le tireur doit donc simuler mentalement l’effet que son placement global et précis (bras) peut avoir sur les possibilités d’actions du tireur. Le gardien de but, lui, doit simuler mentalement les possibilités de tir que possède le tireur, en fonction de ce que le défenseur fait ou ne fait pas, et agir en conséquence (favoriser un placement plus prononcé d’un côté que de l’autre).
- Pour pouvoir simuler mentalement l’évolution des situations, le gardien de but et le tireur doivent chacun avoir une certaine expérience de ce type de situations et de manoeuvres.L’ensemble de ces raisons me conduit donc à penser que l’on peut travailler ce type de tactique lorsqu’on estime que le collectif possède des capacités physiques (connaissance de son schéma corporel, et/ou de ses capacités de vitesse de déplacement) et cognitives (analyse du jeu et de sa pratique, simulation) suffisantes pour le faire. Aussi, avec de jeunes collectifs je demande au défenseur de sauter le plus haut possible pour ou bien contrer directement le ballon, ou bien faire en sorte que le tir soit au dessus du mur et du but. Parallèlement je demande au gardien de se placer de sorte à pouvoir intervenir aussi facilement à droite qu’à gauche, pour qu’il apprenne à attendre, à réagir au dernier moment. En agissant ainsi, j’estime ne pas créer de situations dans lesquelles le gardien de but “parie” sur l’impact final sans avoir d’éléments d’analyse pertinents, et j’évite qu’il développe des stéréotypes de jeu (toujours partir d’un côté ou de l’autre) qui sont très rapides à créer et extrêmement longs à supprimer.