Le premier match de la saison, qu’il soit amical ou officiel, n’est pas toujours facile à appréhender en termes de confiance en soi. Le fait de réaliser une bonne préparation physique ne suffit pas à rassurer puisque c’est le domaine émotionnel qui est le premier engagé. Selon notre caractère, notre personnalité, notre confiance en nous et notre rapport à ce qui nous entoure, on peut aborder le premier match de la saison avec sérénité, appréhension, hâte, peur… On peut aussi sortir de ce premier match satisfait(e), déçu(e), confiant(e), en colère, apeuré(e)… Comment accepter ces émotions, pensées, états d’esprits pas toujours agréables ? Le maître mot est « relativiser ». Voici quelques questions importantes à se poser avant et après le match pour y parvenir.
1) Depuis combien de temps…
Depuis combien de temps n’avez-vous pas participé à un match ? Depuis combien de temps avez-vous repris la préparation physique ? Depuis combien de temps avez-vous repris les séances avec des tirs ?
Probablement depuis 1 mois et demi au moins, non ? Encore plus cette année (merci Covid !). Pensez-vous que votre cerveau est encore apte à prendre des informations et à déclencher des réponses motrices précises aussi rapidement que lors de votre dernier match ? Ce serait génial, mais un peu surréaliste. Il faut aider votre cerveau à se recalibrer.
Rappelez-vous vos saisons précédentes. C’était difficile, après un mois et demi, de retrouver ses repères, ne serait-ce que pour se placer dans le but, n’est-ce pas ? Votre cerveau doit rétablir des connexions avec toutes les parties de votre corps, pour re-synchroniser le tout. La pause estivale l’a endormi, et la préparation physique vous aide à le réveiller. Le réveil prend du temps. Moins vous vous entraînerez fréquemment pendant la période de reprise, plus votre corps redeviendra performant tardivement. Peut-être aussi que votre premier match amical a lieu à un moment où vous vous sentez physiquement au top, mais sans que vous n’ayez beaucoup touché au ballon. Par conséquent, dites-vous bien que si vous vous êtes peu entraîné(e) physiquement et/ou dans des situations de duel avec des tirs, le match que vous vous apprêtez à faire risque d’être très bizarre, pas génial en termes de performances, et très probablement frustrant… et ce sera tout à fait normal.
2) Qui…?
Contre qui joue-t-on ? Avec qui joue-t-on ? Est-ce que vous connaissez vos partenaires et vos adversaires ? Les relations de jeu avec vos partenaires sont-elles les mêmes ou sont-elles chamboulées par le recrutement ? Affrontez-vous une équipe de niveau supérieur ?
Si votre équipe vient de monter d’une division, les temporalités d’actions ne seront pas les mêmes que lors de vos derniers matchs. Tout ira un peu plus vite, les adversaires auront plus d’expérience, feront des actions inattendues car inhabituelles, vous pourrez être surpris(es), individuellement et collectivement. Encore une fois, un temps d’adaptation sera nécessaire pour vous mettre au niveau. Cela est également valable si vous descendez d’une division. Retenez bien que puisque vous découvrez (ou redécouvrez) ce niveau de jeu, vous allez parfois être pris par surprise et que vous allez apprendre à vous adapter à ce jeu. Encore une fois, si vous vous trouvez bizarre pendant le match ou que vous avez eu l’impression d’être à côté de vos pompes, c’est normal. L’entraînement, et surtout les matchs, vous aideront progressivement à vous adapter. Ne soyez pas trop pressé(e), vous risqueriez d’être déçu(e) et frustré(e). Ne vous reposez pas non plus sur vos lauriers en pensant que ça viendra tout seul…
3) L’enjeu…
Quel est l’enjeu de ce match ? Demandez-le à votre entraîneur pour être sûr(e) que vous soyez sur la même longueur d’ondes. Est-ce que ce match vise à mesurer votre équipe à l’autre équipe ? Est-ce qu’il vous sert d’évaluation des forces collectives ou individuelles offensives/défensives ? Est-ce qu’il vous sert de rodage ? Généralement, un match amical de début de saison a pour but de se remettre doucement dans le bain et de prendre plusieurs températures, et d’ajuster la poursuite du travail jusqu’à la fin de la préparation. Où en êtes-vous (individuellement et collectivement) physiquement par rapport à votre préparation physique et à l’intensité du niveau de jeu que vous devez déployer ? Quels sont les secteurs de jeu dans lesquels vous avez repris vos repères, et ceux qui sont encore à ajuster ? Qu’est-ce qui est différent de ce dont vous aviez l’habitude en termes de qualité du duel ? Quels sont les secteurs de travail à prioriser jusqu’au début du championnat ? Dans quel état d’esprit êtes-vous avant, pendant et après le match ? Certes, on aime tous que le score ou les stats nous soient favorables, mais dans le contexte du premier match amical de la saison, le principal est de se redécouvrir voire de découvrir un nouveau contexte (niveau de jeu), d’apprendre sur soi, d’identifier les secteurs de travail à prioriser, et tout cela en essayant de prendre le plus de plaisir possible ! Pas évident, mais important.
4) L’analyse de la performance…
Vous avez le droit d’être très satisfait(e), content(e), déçu(e), frustré(e), perturbé(e) à l’issue du premier match. Identifiez vos émotions, demandez-vous pourquoi vous les avez, et si elles sont légitimes en considérant le contexte dans lequel elles sont nées. Vous aurez probablement tendance à avoir un niveau d’attente ou d’exigence élevé envers vous-même, qui vous poussera à dire « j’ai été nul(le) / j’ai fait de la merde ». Cessez d’avoir ce type de pensées tout de suite après un match. Prenez le problème à l’inverse et demandez-vous si vous aviez toutes les cartes en main pour réaliser un bon match. Il ne s’agit pas de trouver des excuses pour justifier une performance insatisfaisante. Il s’agit surtout d’apprendre à analyser objectivement un contexte et les obstacles qui s’opposent à nous, pour comprendre pourquoi on a été plus ou moins bon. Cherchez ce que vous avez fait de bien malgré les difficultés vécues, ET ce qui a été moins bien tout en identifiant des pistes constructives pour progresser dans ces secteurs. Ne soyez pas trop dur(e) envers vous-même, ce n’est qu’un match amical, vous avez le droit aux erreurs, encore plus qu’en compétition officielle.
5) L’évacuation
Verbalisez vos émotions, vos états d’esprit, vos sentiments avec quelqu’un (entraîneur, partenaires, amis, famille…), surtout si vous êtes contrarié(e). Faites-le directement après le match, ou bien un jour ou deux après si vous préférez. Recueillir un ou plusieurs points de vue différents à différents moments vous permettra de faire le tri parmi des paroles. Peut-être qu’à chaud, après le match, vous aurez immédiatement besoin d’entendre des paroles réconfortantes, encourageantes. Au contraire, peut-être que vous aurez immédiatement besoin d’entendre quelqu’un qui partage votre auto-critique négative, et que plus tard, vous serez ouvert à une critique constructive qui met en valeur les aspects positifs de votre performance. Cherchez les paroles dont vous avez besoin sur l’instant, mais n’oubliez pas de toujours finir votre analyse par un discours positif qui vous aidera à vous projeter efficacement sur la suite des événements.