Valérie NICOLAS et Daouda KARABOUÉ, tous deux anciens gardiens en équipe de France et champions du monde, ont mené une séance spécifique GB sur le thème de la mixité. La séance était organisée dans le cadre d’une formation d’entraîneurs en Provence Alpes Côte d’Azur. Dans le dernier quart d’heure de la vidéo ci-dessous, ils répondent aux questions posées par les entraîneurs. Les questions portent notamment sur la gestion du GB en séance collective, sur la gestion de la concurrence, la correction des mauvais comportements, la morphologie et les modes de jeu, mais aussi sur la préparade et la souplesse.
Comment gérer le gardien dans une séance collective ? Combien de temps doit-on accorder au GB ?
Valérie : « Quelle que soit la séance, au moins 1 exercice par séance pour le GB. Avoir un exercice sur 1 objectif à chaque séance, c’est bien. »
Quelles qualités doit-il avoir ?
Daouda : « Il faut qu’il ait envie de protéger ses coéquipiers, ne pas avoir peur, et avoir des cannes. »
Comment donner envie, motiver le joueur à aller dans les buts ?
Valérie : « Ne pas forcer, il faut qu’il le sente. C’est délicat. Il faut essayer 2, 3 fois, 4 fois et si vraiment ça vient pas, ça vient pas ; il faut pas insister. Il faut qu’il y ait un intérêt. Il faut valoriser, ne pas forcément mettre celui qui n’est pas bon [sur le terrain] dans les buts « vas-y tu vas dépanner, va dans les buts ». Il faut arriver à valoriser, à montrer que ce poste est important, et je pense que le jeune, voyant qu’il y a intérêt ça peut lui plaire. »
Comment gérer la concurrence ?
Valérie : « Le rôle de l’entraîneur est très très important. C’est un travail d’équipe, les gardiens de but travaillent ensemble. On se tire la bourre à l’entraînement pour montrer qui est le meilleur, ça il n’y a pas de soucis, par contre sur un match ce qui est important c’est de travailler en équipe. Quand l’un est sur le terrain et l’autre sur la touche, il faut que celui sur le banc de touche puisse donner des conseils, aider, dire « voilà, ton positionnement était pas forcément très bon ». En général c’est vrai que les entraîneurs ne sont pas forcément compétents, n’ont jamais été dans les buts donc c’est très difficile de donner des conseils et quand on n’a pas d’entraîneur spécifique GB pour donner des conseils il faut que l’autre gardien serve à ça. Donc il faut former une équipe et s’entraider sur le match. A l’entraînement il faut que l’entraîneur soit juste envers les 2 gardiens, il faut donner sa chance aux 2. »
Daouda : « 2 gardiens de but forment une équipe. Ma vision c’est que les 2 gardiens vont changer en fonction de leurs performances. Si t’es performant, tu restes, si t’es pas performant, tu viens t’asseoir. Mais les 2 gardiens doivent toujours se tirer tous les 2 vers le haut. »
Comment enlever les mauvaises habitudes, attitudes ?
Valérie : « Il faut dès le départ arriver à corriger ça, même si au départ il va être déréglé, que ça va pas lui plaire, que ça va pas lui aller, il faut réussir à lui expliquer que c’est pas bien et à remodifier son comportement ; sinon il va le garder systématiquement et si ça marche au niveau jeune, ça marchera pas plus tard. »
Daouda : « Il faut s’entraîner. Se focaliser sur lui et répéter les exercices, lui montrer que le fait de garder tout le temps une jambe en l’air lui permettra moins ou lui permettra pas de faire d’arrêts que s’il avait les deux appuis au sol. Faut donc recommencer, recommencer. »
Quelle profondeur en fonction de la morphologie ?
Daouda : « On part du principe que plus t’es grand, moins t’as besoin de monter, plus t’es petit, plus faut monter, mais en faisant attention quand même ».
Valérie : « Chaque GB ne goale pas forcément de la même façon donc c’est aléatoire par rapport au gardien que l’on a. C’est en fonction de lui, s’il est à l’aise en montant ou pas. Il faut vraiment s’adapter à lui, par rapport à ses sensations et à sa taille. […] On n’a pas à anticiper, on ne sait pas quelle taille il va faire, on sait pas comment il va être, il faut s’adapter par rapport à l’instant t, il faut pas le laisser dans ses défauts, il faut corriger ses défauts mais il faut qu’il ait la bonne façon de goaler par rapport à sa taille et son âge. »
Comment on construit les modes de jeu d’un gardien de but ?
Valérie : « Moi je ne serais pas dans le thème des pièges. Pièges c’est quand il sera mûr, quand il aura bien acquis ses bases. Ensuite il pourra apprendre à piéger. C’est pas la peine étant jeune de chercher à péiger, il faut qu’il ait le bon comportement, arriver à suivre le ballon d’abord, fluide, ça lui permettra de s’affirmer. Une fois que le gardien aura sa base à lui, ensuite il va pouvoir chercher à jouer. C’est sûr que s’il se fait avoir 2 fois 3 fois 4 fois par un tireur, forcément il va adapter, il va monter, il va chercher à tendre des pièges ; à ce moment là il va être joueur. J’insiste, il faut être joueur pour être gardien de but, mais pas trop tôt cependant. Il faut d’abord avoir les bases et ensuite apprendre à jouer un peu plus lorsqu’il sera à l’aise. »
Daouda : « On s’adaptera au caractère du gardien de but. Faut tout simplement le laisser évoluer, le laisser montrer son caractère et à partir de là on forge. »
Comment travailler la souplesse ? Que travailler en priorité ?
Valérie : « La souplesse de la hanche pour l’ouverture et lever la jambe par des exercices de souplesse dynamique, en ouvrant bien le bassin, sans avoir le bassin qui tourne mais rester bien de face. Et des étirements des quadris, ischios, adducteurs. »
Quelle position des bras sur la préparade ?
Daouda : « Il y a plusieurs écoles, mais pour moi c’est plus facile de faire un arrêt avec les mains lorsqu’on les voit. »
Valérie : « On voit plutôt les garçons avec les mains assez bas en préparade, mais pour les filles, qui sont un peu plus petites, il vaut mieux avoir les mains plutôt en haut pour aller plus facilement en haut chercher la lucarne. Les mains plutôt devant, il faut qu’il les voit sans bouger la tête. »